samedi 7 novembre 2015

ET AU PIRE ON SE MARIERA : Fiction pulpeuse pour Ti-Cul


Photo: Joé Pelletier



Kim Despatis, l’attachante Aïcha du roman de Sophie Bienvenu, est déjà sur scène avant qu’on entre dans la salle de PREMIER ACTE. Une scénographie simple mais parfaite l’accompagne pour ce marathon de mots durs comme de la roche, coupants comme les morceaux de verre qui entourent les carreaux du plancher prédominant.




Aïcha, 13 ans, se tortille comme une acrobate à faire des exercices quelque peu périlleux avec la chaise et le bureau d'une travailleuse sociale invisible ou d'une enquêteuse de police, peu importe. On sait un peu de quoi elle nous entretiendra pendant cette heure et vingt minutes que durera sa performance: ses amours imaginaires et/ou réels avec Baz, ses désirs hallucinants, ses mensonges, sa vérité, son sens de l’humour, son dégoût pour la pulpe dans le jus d’orange, son environnement, sa maman et...ses crises…d’adolescence…




Load up on guns, bring your friends   
 It’s fun to lose and to pretend
She’s over-bored and self-assured
Oh, no, I know a dirty word





Qui n’est pas tombé un jour d'été en amour avec un gars (ou une fille) plus vieux/vieille que soi ? Qui savait jouer de la guitare en plus ? Jamais ? Je ne vous crois pas. C’est pas moi qui écris ça, c'est elle, la petite fille écorchée vive par ses émois chavirés, enfant de mille ans, amoureuse d’un homme de trente, un vrai, avec des bras, des jambes, un ventre, un sexe. N’en n’auriez-vous pas  rencontré une par hasard dans le Centre-Sud d’une métropole sans étoiles ? Moi si, et plus d'une...


Centre-Sud
Photo: L.Langlois


Je ne sais plus trop mais je me souviens du grand mal causé par ces amours qui vous trouent le cœur en vous mettant dans tous vos états d’unis pour la vie, des états si puissants qu’ils vous semblent que vous êtes plus près de la mort que de la vie. Heureusement que ces fictions pulpeuses de premiers amours tordus mais si monumentaux ne se terminent pas toutes comme celle de Aïcha...



Elquidam en dix-neuf cent qqe chose
Rôle de Clara 
LE THÉÂTRE DE LA MAINTENANCE
de Jean Barbeau
Auditorium du CEGEP Édouard-Montpetit
Photo: Gudrun


Mais c’était peut-être bien dans une autre vie ou peut-être n’était-ce que dans mon imagination que j’ai vécu cette tragique mais si magnifique histoire. ET AU PIRE ON SE MARIERA c'est d’abord et avant tout un livre, qui est devenu une pièce et qui sera dans un avenir rapproché un film...






Magistralement bien interprété par une Kim Despatis en feu, en sueur et toute en beauté, ce solo parfaitement accompli, parsemé de moments absolument poignants, nous aura transportés d’un bout à l’autre dans le Montréal des grands poqués de l'urbanisme. Cette métropole qui a pour figurants des petits et gros rois de la patate (pas tellement douce), des folles reines atteintes de drague aiguë, sans oublier tous ces marginaux qui errent ici et là à la recherche d'un Eden artificiel, univers étoilé de chancelants, affublés de leurs plus beaux bas de résilience, avec pour toile de fond le décor ensanglanté des drames épiques et pic et colegram... 



Photo: Hugo B. Lefort



En cherchant la comptine d'AM-STRAM-GRAM sur Youtube suis tombée sur ce clip de SWIFT GUAD et qui aperçoit-on vers la 48me seconde de jeu: nul autre que LE Tony Montana du sanglant SCARFACE de Brian de Palma, film culte qu'Aïcha a vu plus d'une fois et qui semble avoir remarquablement marqué sa grande mémoire de jeune cinéphile.






La mise en scène délurée de Nicolas Gendron (ExLibris) lui-même comédien, m'a étrangement fait penser à celle de Sébastien David avec son EN ATTENDANT GAUDREAULT PRÉCÉDÉ DE TA YEULE KATHLEEN *. De la vérité toute crue, hachée en menus morceaux, injectée directement dans le bras de fer du plus faible que toi, participant qui ne gagne pas souvent à la loterie des sous financés…

Bonne nuit...Ti-Cul...XOXO








L'équipe d'AÏCHA


Et parce que cette chanson  
tombe sur les nerfs de Aïcha













***


En ce jeudi, 5 novembre 2015, nous avions choisi comme préambule et refuge à cette autre soirée théâtrale le POULET PORTUGAIS. Toujours aussi délicieuse cette poitrine de poulet (sauce piquante pour A. et douce pour moi); accompagnée de frites et salade de chou faites maison, on se sent vraiment comme...à la maison, et comme il n'y a pas de permis d'alcool, sommes traversés au dépanneur d'en face pour y acheter de la bière. L'ARTISAN CHARCUTIER, autrefois sur la rue de la Canardière, partage le local spacieux et très propre. Comme voisin de table ce soir, un certain Peter Simons. Mais c'est pas vraiment jet-set ;-). La prochaine fois, je ferai un essai « tentaculaire », je prendrai la pieuvre...    








4 commentaires:

  1. Merci grandement pour ce commentaire inspirant, qui nous mène à avancer, à questionner le monde et notre métier.

    RépondreSupprimer
  2. via facebook le 8 novembre 2015:

    Bonjour Louise,
    Merci pour ces magnifiques mots.
    Merci d'être venue voir ce spectacle qui a été si important pour moi.
    Au plaisir,
    Kim

    RépondreSupprimer
  3. via facebook le 9 novembre 2015:

    Bonsoir Mme Langlois
    Merci pour ces impressions vives, éclairées, contagieuses.
    Elles font du bien, je ne saurais dire comment précisément pour l'instant, mais elles ouvrent les horizons de celui ou celle qui vous lit.
    Je partagerai assurément le tout avec mon équipe et ceux qui suivent ExLibris par ici, sur la toile.
    Au plaisir et continuez d'écrire sur le théâtre, ça nourrit le dialogue créatif et, pourquoi pas, citoyen! émoticône grin
    Nicolas G.

    RépondreSupprimer
  4. via facebook le 9 mars 2016

    Bonjour Louise,
    Je suis désolée de ne pas avoir répondu avant, votre message été tombé dans les messages filtrés. ;-(
    Merci beaucoup pour votre commentaire.
    Au plaisir!
    Sophie Bienvenu

    RépondreSupprimer